" Fin de la marche grecque
Où chaque île est le pied d’un Dieu
Sur la mer posé
Sur la mer déposé
Etcaetera Etcetera Etcaetera
Ressassent les vaguelettes "
VILLE DE PAROS
Sur l’unique banc du port
Un unique grec se masturbant les doigts avec son chapelet
Sur les murs assommés de blanc des maisonnettes
Des fleurs par mitrailles
Que tatouent de lourdes abeilles
Noires et sensuelles
Au centre de la ville
Un "Château Français"
Incrusté de pigeons aux ailes de granit
Et de tuiles rouges qui ne volent plus
Par le soleil cuites et recuites
CIMETIERE ANTIQUE DE PAROS
Avant le cimetière
L'église aux quatre-vingt dix-neuf portes
La Centième ouvre sur un Paradis byzantin
Tout en idolâtres mosaïques
Au cimetière
Des squelettes riant à s'en décrocher la mâchoire
De s'être fait exhumer
De leur baignoire de marbre
Où vidangeait l'éternité des Danaïdes
RESTAURANT SURPLOMBANT LE CIMETIERE
Sous sa moustache d'oursin
Le patron récite ses menus
Comme on mastiquerait des mythes
En caoutchouc de poulpe
Je commande des sardines
Poilues dedans
Imberbes dehors
Arrosées d'un vin trop efféminé
Sur le chemin du retour on aperçoit
Glissant sur une mer d’huile
D'énormes centrales électriques
Jactant au Roi Egée leur messe touristique
Dans toutes les langues de Babel
GROTTE D’ARCHILOQUE
Je n’y suis pas allé
Mais les ai devinés
Lui et son repaire
Au très loin
A l’embouchure Nord de la baie
Archiloque poète mercenaire
Archiloque mortifié
A la verve véhémente
Debout et nu
Le cheveu pubien hirsute
Nourrissant de sel sa peau cuivrée
Répond par un sourcil colérique et cynique
Aux échos impétueux des vagues
Cognant contre les parois ocre de sa grotte d’ermite
Comme autant de mugissements des muses
Auxquelles il oppose sa « poitrine contraire »
Ersatz de son bouclier abandonné
Trop lourd à porter
Au nom de la suprême survie
Plus lourde encore à supporter
Amer il se remémore cet échange inique qu’il contracta en sa jeunesse :
Une épaisse vache blanche et comestible
Contre une lyre obscure non comestible
Qu’aucun poème jamais ne digéra
Et dont il fit un redoutable arc assassin
A défaut de posséder sa belle promise
Telle fut la vie écarlate du premier des poètes
Dont la fureur produit le « Je » !
AMORGOS
Amorgos dès l’aube bourdonne de soleil
Là-bas chaque grec se prend pour une île
Et chaque anse
Pour un grec aux larges épaules
Là-haut
Très haut
D’une altitude par la chaleur augmentée
Le monastère d’Hozoviotissa
Comme une oreille sortie du rocher
Ecoute l'Apocalypse bleu
S’ouvrant les veines
Sur 180 degrés
Les chats fakirs par centaine sont tolérés
Shorts et jupes interdits
Gare au vieux pope à la canne venimeuse
Qui fronce le cul à chaque hurlement
« No shorts Inside ! »
Distribution d’alcool de miel et de loukoums pour les palais asséchés
13h30 s’affichent au quartz turquoise de ma montre
Au pied du monastère les touristes partout se dessapent et ressappent
Branlette des prêtres derrière les meurtrières
Fin de la visite pour les curieux
Sous un soleil furieux
Ivres il nous faut redescendre vers les flots lointains
Pour les pécheurs assoiffés
Mirage d’eau douce assuré
Fin de la marche grecque
Où chaque île est le pied d’un Dieu
Sur la mer posé
Sur la mer déposé
Etcaetera Etcetera Etcaetera
Ressassent les vaguelettes
Sous nos pas agacés
Persécutés
Christophe YAHIA
est poète, philosophe et mauvais esprit.
J'espère qu'aucun super-héros ne traine dans le coin !?
PREFIGURATIONS est aussi une association evryenne.
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