Que deviennent les travailleurs immigrés quand ils vieillissent ? Quels problèmes se posent à eux de par leur appartenance à une autre culture ? Quelles aides leur sont apportées ?
C’est à ces questions dont la prise de conscience est récente, qu’a tenté de répondre un colloque international (sous la direction de M.Bousnane1, Abdoul Ba2, Fatima Skanari3), cet article reprend les différentes idées émises par les différents intervenants de ce colloque .
Ce n’est que récemment que dans plusieurs pays européens l’on a commencé à se poser la question du vieillissement des travailleurs immigrés .
En effet, pour tous, il allait de soi que, venus pour trouver du travail et aider financièrement leurs familles restées au pays, ils repartiraient ensuite .
Ce n’est pas ce qui s’est produit : la plupart souhaitent rester dans le le pays où ils ont vécu souvent plus d’années que dans leur pays d’origine et ce pour de multiples raisons :
Beaucoup tentent de résoudre le problème par des retours plus ou moins fréquents, de durée plus ou moins longue au pays, retours favorisés par les facilités de transport d’aujourd’hui .
Si l’on compare le vieillissement de ces populations immigrées dans le pays d’accueil de ces populations au vieillissement des populations autochtones on se rend compte que leur situation est beaucoup plus précaire :
Ils ont souvent eu des années de travail dans des métiers très durs, des années de travail non reconnues pour leur retraite. Ayant peu de revenus et voulant continuer à envoyer de l’argent au pays pour ne pas démériter aux yeux des leurs, ils se nourrissent mal, renoncent aux soins mal remboursés (dentition, vision, audition) . Ne maîtrisant pas bien la langue du pays d’accueil, ne sachant pas toujours lire dans leur propre langue, ils n’ont pas accès aux informations qui leur indiqueraient ce à quoi ils ont droit.
Souvent célibataires, n’ayant jamais fait venir leur famille ( trop compliqué, crainte des "mauvaises mœurs" du pays d’accueil) ils continuent à vivre dans des foyers . Avec la retraite, ils perdent le sens de leur immigration : travailler pour nourrir la famille au pays.
Ils se sentent inutiles, dévalorisés.
Les traditions culturelles pèsent également lourd : pour eux c’est à la famille qu’est dévolue le rôle de s’occuper des personnes âgées et non à un organisme social. Ils jugent très sévèrement ce qu’ils considèrent comme un abandon des personnes âgées par leur famille pour les autochtones . Plus que d’autres ils craignent l’intrusion dans leur intimité, le non-respect de leurs pratiques culturelles ou religieuses( nourriture, prière).
Du côté de l’intervention de l’état, des organismes sociaux, se posent aussi bien des problèmes dus le plus souvent à des préjugés : mise en cause de la légitimité pour ces immigrés à vivre sur le sol européen, français, méconnaissance de leurs attentes, personnel non formé à ce groupe de personnes pour intervenir à domicile , en foyer mais aussi une question de fond : faut-il accorder à ces immigrés vieillissants autre chose ou plus qu’aux autochtones selon un principe d’égalité de traitement ?
Dans certains pays –Allemagne-Hollande-SuisseBelgique- ou certaines régions de France où les problèmes revêtent plus d’acuité, on commence à chercher des solutions :
Des projets naissent ici et là mais restent embryonnaires, le nombre de travailleurs immigrés âgés ne cessant de croître .
D’après l’ouvrage : "Le vieillissement dans l’immigration. L’oubli d’une génération silencieuse". Espaces interculturels. Editions L’harmattan
Liste des intervenants du colloque :
Francoise AMBOLET
est germanophile, lectrice passionnée, à l'écoute et engagée, fine observatrice.
PREFIGURATIONS est aussi une association evryenne.
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